Emmanuel Macron a décidé vendredi de remplacer Edouard Philippe à Matignon par Jean Castex, 55 ans, son « M. Déconfinement ». Le nouveau Premier Ministre est totalement inconnu en Israël. Dans le cadre de sa carrière Jean Castex n’a jamais eu un rôle public vis à vis d’Israël et du conflit Moyen-Oriental.

Ce qui est clair à Jérusalem : l’omniprésence du Quai d’Orsay sur la relation politique binationale va se poursuivre donc. Edouard Philippe, qui devait se rendre en Israël durant son mandat n’a jamais mis les pieds dans l’Etat hébreu. Il avait annulé son déplacement en dernière minute.

LE PLUS. SELON (1) : « Soyez bon! », a lancé Edouard Philippe à son successeur lors de la passation de pouvoir, louant « le sens politique », « la connaissance fine du pays » et « l’intelligence » du haut fonctionnaire qui saura, selon lui, « prendre les bonnes décisions ».

Jean Castex lui a retourné les compliments, vantant la « clairvoyance », « la hauteur de vue » et « l’élégance » d’Edouard Philippe. Il a surtout affirmé vouloir « plus que jamais réunir la Nation » face à la crise économique et sociale qui est « déjà là » avec le coronavirus, affirmant que « les priorités devront donc évoluer » et que « les méthodes devront donc être adaptées ».

A ce titre, M. Castex a dit sur TF1 vouloir « ouvrir des concertations (…) avec la Nation, avec les partenaires sociaux, dans les territoires, avec tous les acteurs pour associer le plus possible à la recherche de solutions ».

« Je ne suis pas ici pour chercher la lumière, je suis ici pour chercher des résultats », a-t-il assuré.

Il avait auparavant dit « mesurer l’immensité de la tâche » qui l’attend, dans un communiqué mis en ligne sur le site de la ville de Prades (Pyrénées-Orientales) dont il est maire, affirmant avoir accepté cette charge « compte tenu des circonstances exceptionnelles dans lesquelles se trouve notre pays ».

Ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy et de Xavier Bertrand, Jean Castex représente « un choix macronien, conforme à l’esprit de dépassement porté par le président depuis trois ans », selon l’Elysée pour qui il vient, comme son prédécesseur, « de la droite mais est un gaulliste social ».

Edouard Philippe, avec lequel Emmanuel Macron a assuré jeudi entretenir une « relation de confiance unique », va retrouver dès dimanche la mairie du Havre. Mais il va rester en contact étroit avec le chef de l’Etat car, selon l’entourage de celui-ci, il a accepté « d’aider le président » à « consolider la majorité », fragilisée par la perte de la majorité absolue à l’Assemblée, des contestations internes et un fiasco aux élections municipales pour LREM.

Avec la démission du gouvernement et le départ d’Edouard Philippe, le président de la République cherche, à moins de deux ans de la présidentielle, à donner un nouveau souffle à son quinquennat.

« Techno »

« Le cap sur lequel je me suis engagé en 2017 reste vrai », a-t-il réaffirmé dans une interview à la presse régionale publiée jeudi. Mais alors que se profile une rentrée « très dure » sur les fronts économique et social, le prochain gouvernement sera chargé d’appliquer le « nouveau chemin » que le chef de l’Etat a commencé à dessiner, avec une priorité à la politique de santé, au grand âge et à un plan pour la jeunesse, ainsi que la remise en chantier de la réforme des retraites.

« L’écologie n’est plus une option » et est « au coeur des priorités que le président m’a chargé de mettre en oeuvre », a insisté Jean Castex vendredi, alors que les Verts lui reprochent d’être « un homme de droite, qu’on n’a jamais entendu sur l’écologie »

Pour incarner ce « chemin » escarpé, plutôt qu’une figure de l’écologie ou un poids lourd politique, le chef de l’Etat a préféré un profil « techno », élu local et haut fonctionnaire. Un choix qui lui donne les mains libres, après trois ans d’entente cordiale avec Edouard Philippe qui prenait un poids croissant dans la stratégie gouvernementale et dans l’opinion. Et des dissensions de plus en plus marquées, notamment pour la réforme des retraites.

D’autant plus que le directeur de cabinet de Jean Castex sera Nicolas Revel, un proche d’Emmanuel Macron que le chef de l’Etat avait tenté, en vain, d’imposer à Edouard Philippe à son arrivée à Matignon.

A noter que le premier cercle du pouvoir comprendra trois anciens secrétaires généraux adjoints de l’Elysée — Emmanuel Macron et Nicolas Revel sous François Hollande et Jean Castex sous Nicolas Sarkozy — et, comme auparavant, quatre énarques en incluant Alexis Kohler, bras droit d’Emmanuel Macron en tant que secrétaire général de l’Elysée.

« Jour d’avant »

Avec Jean Castex, le chef de l’Etat « sera encore plus aux manettes », résume Bernard Sananès, président de l’institut Elabe.

Pour le président des Républicains Christian Jacob, Jean Castex, qui vient de démissionner de LR, représente un choix « technocratique ». « En matière de trahisons, on a donné déjà » a-t-il lancé, allusion à Edouard Philippe, également issu de LR.

« Je connais et j’apprécie les qualités de serviteur de l’Etat de Jean Castex. Elles seront indispensables dans les moments difficiles que nous allons connaître… Puissent-elles corriger les mauvais choix du Président de la République », a commenté le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand.

A gauche, on estimait que cette nomination démontrait une poursuite d’une politique « de droite ». « Le jour d’après sera de droite comme le jour d’avant », a fustigé Olivier Faure (PS). Chez les écologistes, Julien Bayou, numéro un d’EELV, a regretté la nomination d’un nouvel « homme de droite qu’on n’a jamais entendu sur l’écologie ».

  • (1) https://www.ouest-france.fr
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