Chavouot, appelée parfois en français « Pentecôte », est l’une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme, prescrites par la Bible, au cours de laquelle on célèbre le début de la saison de la moisson du blé et, dans la tradition rabbinique, le don de la Torah sur le mont Sinaï.

Elle a lieu au terme du décompte de l’omer, le 6e jour du mois juif de sivan (qui correspond, selon les années, aux mois de mai ou juin dans le calendrier grégorien). Elle dure deux jours en diaspora mais un seul en terre d’Israël (et dans le judaïsme réformé).

Comme Pessa’h et l’offrande de l’omer, Chavouot devient, dans le mouvement pionnier du kibboutz, un festival champêtre où sa dimension agricole donne lieu à la glorification du lien de l’homme avec la terre, bien plus qu’à celle de la providence divine.

Au milieu des années 1930, Zashka (Ceska) Rosenthal, émigrée polonaise et membre fondatrice du kibboutz Gan-Shmuel, institue la procession des bikkourim, après s’être fait expliquer le sens de cette fête qu’elle ignore. Comprenant qu’elle présente de nombreux points communs avec les réjouissances de la moisson en Pologne, elle conçoit un projet similaire. Un autre membre, Binyamin Bolek, lui confère une tonalité plus juive en s’inspirant du rite des bikkourim décrit dans la Mishna. Le destinataire des prémices n’est toutefois plus le prêtre de Dieu mais le représentant du Fonds national juif.

L’aspect graphique et esthétique de ces processions est particulièrement recherché. Elles inspirent de nouveaux chants comme Salenou al ktafenou (« Nos paniers à l’épaule ») de Levin Kipnis et Yedidia Admon ou Shibbolet bassadè (« L’épi dans le champ ») de Matityahou Shelem. Comme nombre de chants sionistes d’alors, ils citent parfois la Bible, avec Eretz zavat halav oudvash (« Terre qui ruisselle de lait et de miel » – Exode 3:8, mis en musique par Eliyahou Gamliel) ou Ve’hag Shavouot taasse lekha (« Et tu feras la fête de Chavouot » – Exode 34:22, mis en musique par Yedidia Admon) mais ils évoquent rarement Dieu.

Ces célébrations connaissent un déclin dans les générations suivantes, moins idéalistes et romantiques que leurs aînés. Elles n’ont cependant pas disparu et ont contribué à une plus grande conscience de Chavouot parmi les Juifs laïcs d’Israël que parmi ceux de la diaspora.

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