Un excellent (extrait uniquement) article de Jacques Benillouche ( à lire en entier dans benillouche.blogspot.com). « Les cérémonies viennent de se terminer à Jérusalem et elles permettent de tirer plusieurs enseignements. Tout d’abord, le dirigeant israélien qui s’est distingué est sans contexte le président de l’État Réouven Rivlin. Malgré la montée des extrêmes dans le pays, le président de l’État est testé stoïque parce qu’il s’est affirmé au contact de la réalité du pouvoir.

Rivlin n’avait jamais été un personnage marquant, presque terne dans ses fonctions antérieures. C’était pourtant un cacique du Likoud, élevé dans les valeurs du mouvement sioniste Betar, créé par le nationaliste Vladimir Zeev Jabotinsky. Il était un pilier du parti, fervent partisan du Grand Israël, avec des racines plantées profondément dans la droite idéologique. En tant que président de la Knesset de 2003 à 2006, il avait fait partie des adversaires du plan de désengagement de Gaza imposé par Ariel Sharon.

Son élection à la présidence, le 10 juin 2014, avait été fastidieuse alors que la fonction est purement honorifique, sans réel pouvoir sinon une autorité morale. Mais à l’instar du précédent titulaire de la charge, Shimon Peres, Réouven Rivlin n’a pas voulu seulement «inaugurer les chrysanthèmes». Il a participé au débat national alors que le pays souffre de l’omnipuissance du premier ministre Benjamin Netanyahou et surtout de l’absence d’un dirigeant charismatique de l’opposition. Sa position de sage lui a conféré une auréole qu’il a exploitée pour se défaire de sa position d’extrémiste. Dès sa prise de fonction, il s’est montré impartial pour être le président de tous les Israéliens, sans sectarisme ni militantisme.

Ses partisans doivent être effectivement déçus car il a dévié de ses positions antérieures d’ardent défenseur du «Grand Israël» et des constructions dans les implantations, et d’opposant irréductible à la création d’un État palestinien. Celui qui avait adopté une attitude ultranationaliste en refusant en mai 2009 de se rendre à l’aéroport pour recevoir le pape Benoît XVI, qui se rendait à Yad Vashem, car il ne voulait pas «accueillir un ex-membre des Jeunesses hitlériennes et de la Wehrmacht», a mué.

Rivlin rencontre les Druzes

L’ancien «faucon» du parti porte aujourd’hui les habits d’un homme d’ouverture, condamnant le terrorisme juif et prônant le rapprochement entre les populations juive et arabe. Il a fustigé ouvertement le virage à l’extrême-droite de son parti, dont il condamne la perte des valeurs libérales fondamentales. C’est pourquoi, il a été victime des attaques les plus acerbes de la part de sa propre formation, dans le cadre d’une campagne ignoble le représentant vêtu du keffieh d’Arafat ou en officier SS nazi.

Sur les réseaux sociaux, il a été qualifié de «traître, président des Arabes et des homos, un petit youpin honteux qui aime se faire sodomiser». Cela rappelle dramatiquement les événements de 1995 et les caricatures identiques qu’a subies le Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné en novembre de cette année-là. Aujourd’hui, il fait l’unanimité dans le pays et il terminera son septennat non renouvelable, le 10 juin 2021, dans la gloire et l’honneur. Il a voulu ces cérémonies et malgré le risque encouru, elles ont été une réussite totale pour le pays. La police et l’armée ont été à la hauteur de l’évènement puisqu’aucun incident n’a émaillé la présence de tant de hauts dirigeants.

Macron à Jérusalem

Israël et Jérusalem viennent de gagner, s’il en était besoin, leur reconnaissance internationale tandis que l’antisémitisme est devenu un fléau reconnu par toutes les démocraties occidentales. Des dizaines de dirigeants mondiaux se sont réunis à Jérusalem le 23 janvier 2020 pour marquer le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz.

Jérusalem a ainsi gagné ses galons de Capitale totalement reconnue par la majorité des pays du monde. La notion d’Est et d’Ouest est devenue caduque puisque la vieille ville, incluant le Kotel et le Mont du Temple, est devenue de fait partie intégrante d’Israël. Jusqu’alors, il était de coutume que les ambassadeurs, celui de France en particulier, évitent officiellement certains quartiers pour ne pas cautionner la réunification de Jérusalem. Ils ne s’y rendaient que pour présenter leurs lettres de créance. Les États-Unis étaient jusqu’alors les seuls à reconnaitre la capitale d’Israël mais aujourd’hui plus de 40 pays les ont rejoints. Il s’agit d’une deuxième renaissance après des années de bouderies internationales et le vote historique de l’ONU en 1947.

L’ambassadeur Friedman à Jérusalem

Il est cependant dommage qu’aucun pays arabe n’ait fait le déplacement à Jérusalem pour sceller le droit d’Israël à exister. Ils restent toujours dans le déni, le ressentiment et même dans les discours de vengeance à l’instar de l’Iran qui persiste à vouloir éradiquer le pays juif. D’ailleurs le vice-président américain, Mike Pence, a appelé à «rester ferme» face à l’Iran, le seul pays à envisager encore une «autre Shoah».

Enfin lors de cette rencontre internationale, l’antisémitisme a été inscrit comme fléau international et non pas uniquement juif. Tous les intervenants n’ont pas éludé le problème de l’antisémitisme qui perdure et qui se développe. Nul ne peut dire à présent qu’il ne savait pas. Même le président allemand Steinmeier a enfin reconnu officiellement la responsabilité de son pays dans les crimes nazis :«Le meurtre industriel de 6 millions de Juifs a été commis par mes compatriotes. J’aimerais pouvoir dire que nous avons appris de l’histoire». »

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