Les fabricants israéliens sont autant décus que Trump par les déboires de Boeing (la firme est omni-présente en Israël). Selon La Tribune : « Boeing, c’est une grande, grande déception pour moi », a indiqué mercredi Donald Trump en marge du Forum économique mondial de Davos. David Calhoun, le nouveau directeur général de Boeing, s’est quant à lui voulu rassurant, en affichant sa confiance dans le 737 MAX et en promettant plus de moyens aux ingénieurs.

Donald Trump a fait part de sa « grande, grande déception » après les déboires de Boeing et s’est inquiété de leurs répercussions sur la santé de l’économie américaine, atout majeur du président américain dans sa campagne de réélection.

« Boeing, c’est une grande, grande déception pour moi », a indiqué mercredi Donald Trump dans une interview à la chaîne CNBC, donnée en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, où est réunie l’élite économique et politique mondiale.

« C’était, disons jusqu’à il y a un an, l’un des plus grands groupes du monde, et soudainement, plein de choses sont arrivées. Je suis tellement déçu par Boeing, tout cela a eu un énorme impact », a poursuivi le président.

Répercussions sur la croissance

Bien loin de son procès en destitution qui agite le Congrès américain, l’hôte de la Maison Blanche, en campagne pour un second mandat, brandit la croissance américaine en étendard de son succès.

Il voit donc d’un mauvais œil les répercussions sur celle-ci des problèmes de Boeing, qui a annoncé la veille que le 737 MAX ne revolerait pas avant mi-2020. Ces appareils sont cloués au sol partout dans le monde depuis plus de dix mois après deux accidents ayant fait 346 morts.

« Vous savez, quand vous parlez de la croissance, l’impact [des déboires de Boeing] est tellement énorme », a insisté Donald Trump.

Le cabinet IHS Markit anticipe en effet une baisse du PIB de 0,1 point si le 737 MAX reste cloué au sol jusqu’en juin, et de 0,2 point s’il ne vole pas du tout en 2020.

Selon le cabinet Oxford Economics, les effets sur l’investissement, le commerce et les stocks, accumulés au premier trimestre 2020, pourraient représenter un impact sur le PIB d’environ 0,5% en chiffres annualisés.

La majeure partie de cet impact proviendrait des exportations, Boeing – qui exporte les trois quarts de sa production – représentant une part importante du commerce extérieur américain.

Boeing affiche sa confiance dans le MAX

David Calhoun, le nouveau directeur général de Boeing, a de son côté ouvert, mercredi, une nouvelle ère chez l’avionneur, en affichant sa confiance dans le 737 MAX et en promettant plus de moyens aux ingénieurs.

Le dirigeant de 62 ans, aux commandes depuis le 13 janvier en remplacement de Dennis Muilenburg limogé pour une gestion jugée calamiteuse de la crise du MAX, a essayé de rassurer à la fois les régulateurs, les salariés, les compagnies aériennes et le président Donald Trump.

La production du 737 MAX, plus de deux-tiers du carnet de commandes de Boeing, devrait être « relancée » avant juin, a assuré M. Calhoun à des journalistes lors d’une conférence téléphonique.

« Nous allons reprendre lentement et de façon régulière notre production quelques mois avant » la remise en service du MAX à la mi-2020, a-t-il déclaré. Boeing avertira ses sous-traitants auparavant.

Pas de licenciements prévus

Le constructeur aéronautique ne produit plus de MAX depuis janvier. Cette décision a mis sous pression les sous-traitants, obligés d’engager des cures d’austérité. C’est le cas du fabricant américain de fuselages Spirit AeroSystems, qui a dû licencier 2.800 personnes et n’exclut pas des suppressions d’emplois supplémentaires.

M. Calhoun a également assuré qu’il n’y aurait ni licenciements ni mesures de chômage technique chez Boeing.

Alors que des experts s’interrogent sur l’avenir du MAX face à la défiance des voyageurs, Boeing croit toujours en cet avion vedette.

« Je crois en cet avion. J’y crois parce que nous l’avons fabriqué. Les pilotes y croient. C’est juste que la procédure d’approbation [des avions] est nouvelle », a défendu M. Calhoun.

C’est la première fois depuis le déclenchement de la crise du MAX que Boeing organise une conférence de presse. Pendant près d’une heure, M. Calhoun ne s’est pas réfugié, comme son prédécesseur, derrière les enquêtes en cours des autorités pour ne pas répondre aux questions dérangeantes.

Il s’est voulu direct et franc, répétant plusieurs fois le mot « réaliste » quand il s’est agi d’expliquer les raisons qui ont poussé Boeing à reporter à la mi-2020 la remise en service du MAX.

« C’est une prévision réaliste », a dit cet ancien cadre dirigeant de General Electric (GE), ajoutant que celle-ci tenait compte du fait que Boeing recommandait désormais une formation des pilotes sur simulateur, jugée plus longue.

Sans verser dans un mea culpa, il a fait remarquer que Boeing et les régulateurs n’avaient pas correctement anticipé les réactions des pilotes à un dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS mis en cause dans les deux accidents.

Le dividende versé aux actionnaires inchangé

Répétant que la sécurité était la « priorité » de Boeing, David Calhoun a ajouté: « une fois que les pilotes vont se remettre aux commandes [du MAX modifié] et seront en confiance, je suis persuadé que les clients [et les voyageurs] suivront ».

Il a par ailleurs promis des moyens supplémentaires aux ingénieurs de Boeing, semblant ainsi répondre aux critiques selon lesquelles la culture d’innovation et de sécurité, au cœur de la stratégie de l’entreprise créée il y a 104 ans, avait été écrasée par le souci de satisfaire les marchés financiers et les actionnaires.

Lire aussi : Boeing: les salariés décrivent l’explosion d’une culture d’entreprise gangrénée par l’arrogance et la cupidité

Il sera néanmoins difficile de se débarrasser de cette culture du tout-financier puisque David Calhoun a assuré que le dividende versé aux actionnaires ne serait pas réduit, en dépit de l’explosion des coûts liés aux difficultés du MAX. « Nous allons le maintenir tel quel à moins que quelque chose de dramatique ne survienne », a-t-il défendu. Les experts et observateurs devront attendre un peu plus longtemps que prévu pour juger des promesses de changement faites par M. Calhoun ».

Par Julie Chabanas et Luc Olinga, AFP (La Tribune).

 

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