Le site américain Bloomberg révèle que des milliers d’employés d’Amazon sont chargés d’écouter et d’analyser les conversations d’utilisateurs avec l’assistant vocal Alexa.

On se croirait dans un mauvais remake de 1984 : Amazon espionnerait nos conversations via nos enceintes connectées. C’est ce que révèle une enquête effarante du site américain Bloomberg. Selon lui, des employés du géant américain seraient payés pour écouter et annoter des bribes de conversation entre des utilisateurs et Alexa, l’assistant vocal de ses enceintes connectées. Une pratique a priori pas illégale mais difficile à comprendre.
Amazon enregistre conversations et bruits de fond
En fait, Amazon emploie des milliers de personnes dans le monde avec une tâche bien précise : améliorer Alexa pour l’aider à comprendre les spécificités du langage humain. Sauf que pour y parvenir, ces employés, auxquels Bloomberg a pu parler, se servent… de nos conversations avec Alexa. Non seulement, ils écoutent les enregistrements les plus anodins, type « Alexa, allume la lumière », mais aussi, et c’est plus inquiétant, des « bruits de fond » captés par les enceintes quand elles sont allumées. Bloomberg donne ainsi l’exemple d’une femme qui chante sous la douche, d’enfants qui crient et même d’une possible agression sexuelle.
Une telle pratique peut choquer l’utilisateur non averti. Mais elle n’est pas à proprement parler illégale. En réalité, le problème, comme souvent dans les affaires liées aux données personnelles, c’est plus la transparence de l’information fournie aux clients. Dans le cas des enceintes connectées, Amazon précise bien dans ses conditions d’utilisation que les demandes formulées à Alexa sont susceptibles d’être utilisées pour contribuer à son amélioration. Mais il n’est écrit nulle part, et c’est cela le vrai problème, que ce sont des humains qui analysent ces conversations qui ont lieu dans l’intimité du domicile.

Amazon assure que les données sont confidentielles

Face à la polémique, Amazon a réagi. « Nous n’annotons qu’une infime partie des enregistrements audio d’Alexa, dans le but d’améliorer l’expérience utilisateur », assure un porte-parole. « Nous avons des consignes de sécurité très strictes. Les employés n’ont accès à aucune information de nature à identifier une personne ou un compte précis dans ce flot de données. Toutes les informations sont traitées avec la plus grande confidentialité et nous utilisons des processus d’authentification poussés et un service crypté pour les protéger. »
Malgré tout, ces révélations pourraient avoir des conséquences. En 2018, il y avait déjà eu une affaire semblable, quand une enceinte d’Amazon avait enregistré la conversation privée d’un couple avant de l’envoyer à un collègue. À l’époque, Amazon avait évoqué un incident isolé. Cette fois, les révélations de Bloomberg sont d’un autre ordre : moins scandaleuses peut-être mais d’une ampleur bien plus importante. Quand on connaît la sensibilité de la question des données personnelles, cela pourrait pousser Amazon à repenser sa politique en la matière.
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