IsraelValley, à la demande de lecteurs assidus, reproduit le compte rendu d’une réunion exceptionnelle qui a eu lieu au Sénat et qui traite des relations France-Israël.

Titre de l’évènement : « LA START-UP NATION ET LA FRENCH TECH EN ACTION ».

Modérateur : Mme Élisabeth LAMURE, présidente de la délégation sénatoriale aux entreprises, sénateur du Rhône

M. Stéphane LASFARGUE, Directeur général du processus d’innovation et du développement durable du groupe Renault

Mme Élisabeth LAMURE – Monsieur Lasfargue, vous travaillez chez Renault depuis vingt ans.

Votre groupe est allié à Nissan, qui figure parmi les constructeurs automobiles intégrant les produits Mobileye dans leurs véhicules, et vous dirigez depuis 2011 le processus de co-innovation que Renault a engagé avec ses fournisseurs. Vous faites partie de l’équipe qui est à l’origine de la création de l’Open Innovation Lab de Renault en Israël.

Comment votre mission au service de l’innovation dans ce grand groupe automobile français vous a-t-elle conduit à vous tourner vers Israël ? Comment envisagez-vous vos relations avec les start-up israéliennes, d’abord sous forme de co-innovation, et peut-être plus tard sous forme de rachat ?

M. Stéphane LASFARGUE – On a reproché aux grands groupes d’être lents en termes de décisions ou de réactions. Le reproche que l’on peut faire aux start-up israéliennes est d’être trop rapides !

Mon rôle chez Renault est de permettre la liaison entre l’interne et l’externe, et d’aider des start-up, des universités ou des entreprises à promouvoir l’innovation.

Je suis chargé de trouver les relais internes pour profiter de ces innovations. Je suis en fait acheteur à mon compte. J’achète les innovations cinq ans à l’avance. Il s’agit d’établir une relation commerciale dans la durée pour être sûr de ne pas perdre la start-up durant le processus. Ce temps est en effet nécessaire pour qu’une innovation s’impose dans le secteur automobile. Il convient donc de contractualiser, même si ce n’est guère aisé. Dès lors, on parle de propriété intellectuelle, d’exclusivité, de communication, chose difficile avec une jeune start-up qui a envie de développer son produit, de se faire connaître, et va dans tous les sens.

On essaye néanmoins de fixer un cadre de co-innovation et de créer quelque chose ensemble. Nous avons besoin des start-up, mais les start-up ont besoin des grands groupes pour progresser.

Pourquoi Renault est-il implanté en Israël ? C’est une longue histoire. Fin 2014, au moment de la grande vague d’innovation, nous avons décidé de nous ouvrir à l’extérieur et de travailler ensemble.

Nous bénéficions déjà d’une expérience dans la Silicon Valley qui remonte à 2009. Cela a également correspondu au développement des besoins en cybersécurité, qui s’accentuent de plus en plus.

Je ne parle pas ici de Mobileye, ni de STMicroelectronics, qui sont des cas particuliers, avec qui il est difficile de ne pas travailler.

Nous avons la chance de bénéficier d’un importateur très dynamique en Israël, Carasso Motors. C’est lui qui nous a ouvert les portes. Nous avons également rencontré beaucoup de gens très ouverts. L’esprit friendly existe en Israël. Nous avons eu accès aux ministères, ce qui a permis de créer une relation sympathique. Avant d’entrer dans la relation commerciale, il faut en effet déjà s’apprécier.

Peu à peu, nous avons amené des experts. Nous avons répondu à des appels d’offres lancés par l’Israël National Authority dans le secteur des transports et par les open labs, que nous avons remportés. Cela a permis de trouver un financement, car les problèmes d’argent existent. Nous avons créé un fonds d’investissement qui permet à Renault, Nissan et Mitsubishi d’investir dans les start-up.

Renault dispose donc d’un faisceau convergent d’opportunités internes. Encore faut-il trouver des relais, mais la dynamique et les liens existent.

Mme Élisabeth LAMURE – Cette collaboration avec Israël était naturelle et évidente pour un grand groupe comme Renault.

M. Stéphane LASFARGUE – Il ne faut pas oublier que nous représentons aussi Nissan et Mitsubishi. La difficulté est de sortir du caractère français et d’intéresser d’autres pays, comme le Japon, par exemple, qui a d’autres opportunités.

http://www.senat.fr/ga/ga149/ga1492.html

Partager :