Un article de Guillaume Lenorman pour Israël Valley. Dans l’histoire officielle de la psychanalyse, Sabina Spielrein n’est qu’un nom. Celui de la maîtresse de Carl Gustav-Jung, à l’origine de la rencontre entre le psychiatre suisse et Sigmund Freud. Tout le reste a été oublié et ce qu’elle a apporté à la discipline, attribué à d’autres. Pourtant, Sabina Spielrein est l’une des premières femmes psychanalystes, à qui l’on doit un des plus grands concepts de la théorie freudienne – la pulsion de mort et c’est ce que révèle Violaine Gerry dans son récent ouvrage « La vie dérobée de Sabina Spielrein », chez Fayard.
Née en 1885 dans une famille juive russe, d’un père violent et d’une mère dépressive, Sabina est internée alors qu’elle n’a que 19 ans, la mort de sa petite soeur ayant entraîné chez elle de graves troubles psychotiques dont elle guérit grâce à la cure par la parole. Cinq ans après son arrivée comme patiente, Sabina Spielrein soutient sa thèse de médecine, devenant la première femme à écrire un doctorat à contenu psychanalytique et devient aussi l’une des premières femmes membres de la Société psychanalytique de Vienne, avant de partir à Berlin poursuivre sa carrière entre conférences, patientèle et écriture d’articles remarqués.
Bien n avant Melanie Klein ou Anna Freud, elle établit des réflexions pionnières sur le jeu dans les thérapies d’enfants et travaille après la guerre aux côtés d’Edouard Claparède et Jean Piaget.
Son destin est cependant marqué par la maltraitance qu’elle subit des hommes qui lui étaient proches. Maltraitée par son père, trahie par Jung, elle est dépouillée de ses idées les plus novatrices par Freud et ses successeurs. Et quand, en 1923, elle tente d’être de ceux qui implantent la psychanalyse en Russie soviétique, elle est définitivement brisée par le stalinisme avant d’être éliminée par le nazisme. Arrêtée en 1942 et est élimée dans la Shoah par balles lors du massacre de Zmievskaïa Balka Son mari Pavel Scheftel ainsi que ses frères meurent durant la Grande Terreur stalinienne.
Sources : Le Temps & Israël Valley.
 

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