Tel-Aviv (Dan Rosh). Grande surprise en Israël. Audrey Azoulay, 49 ans, ancienne ministre française de la Culture, a été élue directrice générale de l’Unesco dans la soirée du 13 octobre, face au Qatari Hamad Al-Kawari. La télévision israélienne a ouvert un direct (Chaîne 10) avec Paris ce soir pour interviewer l’Ambassadeur d’Israël à l’UNESCO. La victoire d’Audrey Azoulay, qui a reçu ce jour un soutien final de l’Egypte,  est vue comme un véritable miracle à Jérusalem.
La candidate française a obtenu 30 voix, son adversaire 28, au sein des 58 membres du conseil exécutif dont le choix doit être encore validé par la conférence générale des Etats membres le 10 novembre, selon les résultats officiels. Selon nos informations la France avait un budget de 170.000 euros pour toute la campagne d’Audrey Azoulay alors que le Qatar aurait dépensé 170.000 euros… par jour durant plusieurs semaines!
Le fait qu’Audrey Azoulay soit juive n’a pas été finalement un obstacle majeur durant cette élection, même si les réseaux sociaux conspirationnistes ont tenté un coup d’éclat. Lors du voyage officiel de François Hollande en Israël elle faisait partie de sa délégation. Nous l’avions rencontré lors de ce séjour. Très discrète, aucune déclaration n’avait été faite à l’époque.  Les années croisées France -Israël en 2018 ont fait partie de ses initiatives. Elle parle un peu l’hébreu selon une journaliste vedette de la Chaîne 10 et elle a vécu l’antisémitisme àl’ENA selon ses propres déclarations. Pendant sa campagne, elle s’est plu à citer l’homme d’Etat français et figure du socialisme Léon Blum (1872-1950).
DETTES A L’UNESCO. L’administration Trump souhaite éviter d’avoir à payer un arriéré de 542 millions de dollars de cotisation impayées. Le Japon a refusé de payer sa cotisation en 2016 après l’inscription du massacre de Nankin au Registre de la mémoire du monde si bien qu’il est débiteur de 31 millions d’euros. L’Arabie Saoudite, de son côté, a une dette de 1,933 million, l’Iran de 2,34 millions, le Royaume Uni de 14,5 millions, moins toutefois que le Brésil (23 millions). (Source Capital)
CANDIDATE. Selon francais.rt.com : « La candidature de cette Franco-Marocaine, fille d’ancien banquier conseiller du roi du Maroc, risque de lever contre elle les pays arabes. Sa nomination comme ministre de la Culture en France en février 2016 avait déjà fait grincer des dents, notamment en Algérie. Née en France, Audrey Azoulay appartient aussi par ses parents à la communauté juive marocaine d’Essaouira, un handicap en pleine crise de l’Unesco sur la politique israélienne dans les territoires occupés. «Les Arabes ne veulent pas de la Juive Audrey Azoulay à l’Unesco», notait déjà en mars 2017, sans ambages le site Jforum, qui se présente comme le portail juif francophone sur internet ».
MAROC ET ANTISEMITISME. Audrey Azoulay est née à Paris,dans une famille juive marocaine originaire d’Essaouira. Elle est la fille du journaliste, banquier et homme politique André Azoulay, conseiller du roi du Maroc Hassan II à partir de 1991, puis de Mohammed VI. Dans un article du JDD : « Chez les Azoulay, la culture c’était les livres, point presque final. « C’était un environnement culturel engagé tourné autour des questions d’identité, du dialogue israélo-palestinien. C’était la splendeur des années 1980. » Maroc et France, elle assume ce double héritage : « Le Maroc, j’y allais beaucoup en vacances, ma grand-mère y vivait. C’est un pays de cœur, celui des saveurs, de la musique. J’étais très enracinée ici, je ne parlais pas arabe. C’est une richesse d’identité, ce que permet parfaitement la France. »
Ses grands-parents, ses parents n’étaient pas français. « Ce n’était pas un problème, on ne parlait jamais de ces questions à l’école. J’ai eu une meilleure amie japonaise, puis néo-zélandaise, les copines de mes sœurs étaient iraniennes. » Des années bénies où le mélange était la règle. « Je n’ai aucun souvenir de querelles identitaires, aucun souvenir d’antisémitisme. » On n’est jamais aussi juif que dans le regard des antisémites. Pendant ses vingt premières années, Audrey Azoulay n’a jamais eu de problème avec sa religion avant d’intégrer l’ENA : « Ce fut un choc, j’y ai découvert fortement l’antisémitisme vieille France. »
UNESCO. En fin de mandat présidentiel, François Hollande propose la candidature d’Audrey Azoulay au poste de directeur général de l’Unesco. D’après Georges Malbrunot, « cette candidature de dernière minute suscite les plus grandes réserves de nombreux diplomates arabes à Paris », alors que quatre personnalités issues du monde arabe convoitent également le poste parmi huit candidats ».
LE PLUS. Le Monde : « La Française Audrey Azoulay, ancienne ministre de la culture de François Hollande a été élue, vendredi 13 octobre, directrice générale de l’Unesco, succédant à la Bulgare Irina Bokova. Mme Azoulay a obtenu 30 voix, son adversaire 28, au sein des 58 membres du conseil exécutif dont le choix doit être encore validé par la conférence générale des Etats membres le 10 novembre.

Le Qatar est le premier pays à s’être lancé dans la bataille pour prendre les rênes de l’agence de l’ONU, créée en 1945 sur les décombres de la seconde guerre mondiale. Son candidat, Hamad Al-Kawari, 69 ans, a été ministre de la culture et est un familier des Nations unies, où il a officié comme vice-président de l’Assemblée générale. Lors d’un vote intermédiaire en début d’après-midi, les 58 membres du Conseil exécutif de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, avaient préféré la Française Audrey Azoulay à l’Egyptienne Moushira Khattab, par 31 voix contre 25 (deux votes blancs), pour affronter le Qatari Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari à l’ultime tour de scrutin.
Ces deux candidates étaient arrivées ex aequo jeudi soir, avec 18 suffrages chacune, derrière le candidat qatari (22 voix) qui fait la course en tête depuis le début du processus de sélection, lundi. Un scénario inédit qui a contraint l’Unesco à organiser une sorte de vote intermédiaire pour départager les deux candidates. Déjà fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, l’organisation a connu un nouveau coup dur jeudi avec l’annonce du départ des Etats-Unis et Israël. Sans attendre le résultat de l’élection, Washington et Tel Aviv ont voulu ainsi exprimer leur exaspération face à une organisation qu’ils accusent d’être anti-israélienne.
Mais Washington n’a pas non plus caché que sa décision était liée à « ses inquiétudes concernant l’accumulation des arriérés à l’Unesco » au budget de laquelle les Etats-Unis ont suspendu leur contribution financière régulière il y a six ans. C’est l’admission en 2011 de la Palestine au sein de l’Unesco qui avait entraîné cette interruption des paiements de la part d’Israël et des Etats-Unis, des montants qui représentent près du quart du budget de l’agence. La décision américaine a néanmoins été une « triste nouvelle » ou un motif de « regret », voire de « déception », à Paris, à Moscou, dans les instances dirigeantes de l’ONU et de l’Unesco, mais aussi dans les milieux culturels et universitaires américains. (www.lemonde.fr)
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