Des profils différents, des activités diverses mais un point commun : le désir de réussir »
Avec un nombre de start-up par habitant supérieur à n’importe quel autre pays, Israël incarne aujourd’hui la “start up nation” par excellence.
Selon l’économiste américain George Gilder, la technologie israélienne a contribué à faire de l’État hébreu un allié indispensable des États-Unis, notamment dans la lutte contre le terrorisme islamiste.
En 2016, une société de sécurité informatique (Intsights) a réussi à pirater une conversation sur la messagerie Telegram entre des terroristes qui planifiaient des attaques visant plusieurs cibles stratégiques.
De même, l’invention israélienne “Faception”, qui associe aux traits d’un visage des caractéristiques comportementales, a particulièrement attiré l’attention des médias pour sa méthode qui a suscité de vifs débats.
La cyber-sécurité fait partie de la spécialité israélienne, comme l’a récemment rappelée la conférence annuelle internatio­nale CyberTech 2017 qui s’est tenue fin janvier à Tel-Aviv. L’une des principales entreprises dans ce domaine, Elbit, a d’ailleurs signé le mois dernier un contrat avec un pays membre de l’OTAN estimé à 17 millions de dollars.
Actuellement, l’Etat hébreu compte 362 entreprises dans le domaine de la cyber-technologie et attire 15% des fonds mondiaux du secteur, ce qui place Israël en deuxième position derrière les Etats-Unis.
Malgré la taille du pays, les guerres et les récessions économiques, certaines start-up “made in Israel” ont révolutionné le monde de la technologie ces dernières années.
Les géants du web s’arrachent les inventions développées dans l’Etat hébreu pour des sommes astronomiques comme le groupe japonais de services en ligne Rakuten, qui a racheté en 2014 la société israélienne Viber pour 900 millions d’euros. Plus impressionnant encore, la société Waze a été vendue à Google pour un montant estimé à 1,3 milliard de dollars en 2013.
Si de nombreux israéliens essaient d’apporter leur pierre à l’édifice, de nombreux français installés en Israël ont également pris part à la grande aventure “cyber” de l’Etat hébreu. Des profils différents, des activités diverses mais un point commun: le désir de réussir malgré un chemin parfois semé d’embûches.
Créer une société n’est jamais une sinécure, mais Israël tend la main à ses entrepreneurs afin qu’ils concrétisent leur projet, notamment grâce à des événements professionnels.
“ISRAËL PAR AMOUR »
Israël, et Tel-Aviv en particulier, offrent une atmosphère singulière propice à l’entrepreneuriat et à l’innovation.
“Nous avons décidé de créer une filiale d’Hub-Square en Israël pour deux raisons” explique Michaël Ruben, père de famille et fondateur d’une société positionnée sur le marché du Cloud Computing et de la virtualisation.
“Tout d’abord parce que c’est réellement la ‘start-up nation’ : il y a un véritable élan ‘pro-start-up’ de la part des organisations gouvernementales et locales. De nombreux événements offrent la possibilité de rencontrer des investisseurs, des clients et des relais commerciaux et/ou technologiques”, confie-t-il à i24NEWS.
“La ville de Tel-Aviv en particulier est cruciale : ultra-dynamique et à ‘taille humaine’, des opportunités se présentent chaque semaine et il y est beaucoup plus facile de rencontrer les personnalités clés que partout ailleurs. Les institutions françaises sont d’ailleurs bien représentées, comme Business France qui est très active auprès des sociétés françaises déjà installées ou prévoyant de s’implanter en Israël”, explique le titulaire d’un diplôme en Économie et Finance à la Sorbonne.
“Dans un second temps, pour des raisons de ressources humaines : l’alyah française étant assez importante ces dernières années, il est plus aisé pour des sociétés françaises souhaitant s’installer en Israël de trouver des collaborateurs francophones avec l’expérience et l’expertise recherchées et à forte valeur ajoutée”, ajoute-t-il.
“J’ai choisi Israël en 2009 par amour”, déclare de son côté Yoel Zirah, 26 ans, fondateur du site Zabilo, plateforme israélienne de commerce en ligne. « On sait que l’on est amoureux quand on veut tout faire pour que ça marche, même accepter les défauts et ne pas regarder ailleurs ».
“Zabilo a la particularité de ne s’adresser qu’aux personnes résidentes en Israël. Quand l’écrasante majorité des start-up israéliennes tentent de vendre leur technologie à l’extérieur des frontières et d’attirer ainsi des capitaux étrangers, nous avons fait le pari du marché local”, souligne-t-il.
Surnommé le “petit frère israélien d’Amazon” quelques mois à peine après sa création, Zabilo.com est la première marketplace multilingue en Israël, explique le passionné de marketing.
“Comment ne pas choisir Israël ?”, s’interroge de son côté Ilan Dahan, 24 ans, fondateur de la start-up Car Adviser qui a pour but de révolutionner le processus d’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion.
“BIEN S’ENTOURER”
Afin d’optimiser les chances de réussite, la création d’une start-up doit toujours être accompagnée d’un professionnel, expliquent les intéressés, car les entrepreneurs doivent prendre connaissance des différents statuts et des démarches.
“L’entrepreneur israélien doit être accompagné par son avocat dans pratiquement toutes les démarches, surtout pour créer une structure équivalent à une SARL ou SAS française. Pour aller plus vite, les indépendants peuvent créer une structure équivalente au statut ‘d’autoentrepreneur’ français”, précise M. Ruben.
“Les impôts et les charges patronales sont un peu moins élevées qu’en France (25% contre 33,3% pour l’IS par exemple) mais cela ne doit pas être le principal moteur pour ouvrir une filiale en Israël”, explique-t-il.
Le directeur de Car Adviser a un avis plus mitigé sur la question : « Il faut bien choisir le statut de sa société en fonction de l’activité de votre start-up. Pour ce faire, il faut trouver un bon expert-comptable ou un bon avocat afin de connaître tous les droits et devoirs liés à l’ouverture de votre structure. »
“Nous avons été agréablement surpris de la simplicité des démarches administratives. En s’entourant bien et en prenant conseil auprès de professionnels, il n’y a pas d’embûches”, assure Liora Bibas, fondatrice de la librairie francophone en ligne Bibooks.
DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS OU RESTER INDÉPENDANT?
Selon un rapport publié par Israel Venture Capital (IVC), plus de 300 entreprises en 2015 ont bénéficié des fonds de capital-risque les plus actifs du pays. Peu dérogent à la règle.
“Dans le cadre d’une levée de fonds, nous avons eu recours à des investisseurs français et israéliens qui sont, pour la plupart, actifs en se positionnant comme conseillers technologiques ou relais commerciaux”, affirme M. Ruben.
“Oui, une société d’import nécessite des investissements assez importants. L’achat du stock, les frais de douane et d’import, la création d’un site web et sa maintenance, ainsi que les frais administratifs représentent un investissement financier non négligeable”, souligne Liora Bibas.
Présenté comme un eldorado pour les nouvelles technologies dans un pays où l’économie est florissante et où le taux de chômage est descendu à 5,3 % , “la force de ce petit pays est qu’elle regorge de jeunes entrepreneurs, très ambitieux avec des idées qui révolutionnent le quotidien des gens et qui font évoluer la technologie mondiale”, souligne Ilan Dahan.
Ouverte en 2016, l’école de management TAL Business School, basée à Tel-Aviv et inspirée du modèle français des Grandes Ecoles, a organisé le 26 janvier sa première soirée intitulée “Pimp My Start-Up”, qui réunit un jury de professionnels et d’investisseurs autour de projets de création de start-up.
Une initiative originale qui s’est intégralement déroulée en français afin de s’ouvrir davantage aux francophones, tout en s’inscrivant dans l’esprit israélien : celui où chacun peut présenter ses idées et concrétiser son rêve.
Selon le site des Amis français de l’université de Tel-Aviv, celle-ci se classe huitième dans la liste des 10 plus grandes universités dans le monde pour le nombre de ses diplômés ayant fondé des “licornes”, des sociétés valorisées à plus d’un milliard de dollars, a rapporté le magazine Forbes.
Une chose est sûre : le monde des start-up en Israël a encore de beaux jours devant lui.
Par Michaël Assous
Source: i24news

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