Eyal Kaplan (Tel-Aviv). En France, huit membres des forces de l’ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine, dont l’ex-patron de la lutte contre le hooliganisme: après quelques années d’accalmie, policiers et gendarmes craignent qu’en 2017 le fléau des suicides dans leurs rangs ne retrouve ses plus hauts niveaux.
En Israël à la suite de suicides dans Tsahal de nombreuses mesures ont été misent en place pour arrêter le fléau. Des psychologues et psychiatres ont été nommés. L’armée a publié les détails des 41 morts de 2016 : 15 soldats se sont suicidés, 4 ont été tués en opération, 9 pendant des accidents sur base, 7 sur les routes et 6 sont morts de maladie.
Sur les soldats qui se sont suicidés, 12 étaient des conscrits, deux des militaires de carrière, et un était réserviste. Comme en 2016, où tous les soldats qui se sont suicidés étaient des hommes, tous les ans, la majorité des suicides sont menés par des hommes (environ 90 %), mais il est rare qu’aucune soldate ne se suicide, selon le responsable des Ressources humaines.
Des systèmes d’alertes ont lieu au jour le jour. A l’Université de Tel-Aviv le Professeur Peter Bamberger mène depuis des années des travaux scientifiques sur le suicide au travail.
Selon Le Point : « Ils sont gardiens de la paix ou commissaire de police, gendarme membre d’une unité d’intervention ou commandant une brigade de proximité, fonctionnaires ou militaires exerçant en zone rurale ou dans l’agglomération parisienne: ils font partie des 46 policiers et 16 gendarmes qui se sont donnés la mort depuis le début de l’année 2017, selon un décompte initial du ministère de l’Intérieur complété par l’AFP.
Dimanche, c’est le commissaire Antoine Boutonnet, ex-chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui a été retrouvé mort, après avoir probablement mis fin à ses jours avec son arme de service, au terme d’une semaine noire dans les rangs des forces de l’ordre. Dans la soirée, ce terrible bilan s’aggravait encore avec un nouveau suicide d’une policière dans la région de Perpignan.
Pour la seule semaine qui vient de s’écouler, six policiers et deux gendarmes ont mis fin à leurs jours, selon un nouveau bilan transmis par la place Beauvau.

L’accélération du nombre de suicides a conduit le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, à demander dimanche soir aux directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmerie et de la Sécurité intérieure « une évaluation des mesures mises en oeuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l’ordre ».
M. Collomb a annoncé en outre vouloir réunir « rapidement les représentants des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositifs de prévention existants et les moyens d’en renforcer encore l’efficacité ».

‘Usure’

Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuellement) et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l’ordre avait décru en 2015 et 2016.
Etait-ce l’effet du plan présenté en janvier 2015 par Bernard Cazeneuve contenant 23 mesures (recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, nouveaux cycles de travail…) destinées à prévenir le suicide ou la conséquence vertueuse du tourbillon opérationnel dans lequel sont plongées les forces de l’ordre depuis deux ans, confrontés à une menace terroriste sans précédent ?
« Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d’eux-mêmes mais peut-être que cela a également généré de l’usure », avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
« Confrontés au quotidien à la misère humaine, à la violence et au pire que l’on puisse trouver chez l’homme, les policiers ne peuvent plus supporter ce manque de considération, facteur du passage à l’acte dramatique », avance Unité-SGP-Police, qui demande une « réunion immédiate » du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la Police nationale.
Management « déplorable », manque de considération, conditions de travail, « usure professionnelle », « désocialisation », politique du chiffre, sont renvoyés par le syndicat de gardiens de la paix sur le banc des accusés.
Les suicides parmi les forces de l’ordre ont des causes multiples et touchent des profils variés, relève Mme Berthon, « une institution qui est confrontée à ce phénomène doit être en mesure, de manière dépassionnée, de se demander: « est-ce qu’il y a des choses qui peuvent faciliter le passage à l’acte ou le provoquer ? Et le cas échéant, comment puis-je faire un travail de prévention ? »

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