Le gouvernement israélien tiendra-t-il ses promesses économiques en 2017? Le prix du logement et la cherté de la vie sont ses principaux défis. Certes, les données macroéconomiques d’Israël sont satisfaisantes. D’une part, le rythme de croissance est soutenu, comparé à un environnement instable. De l’autre, le marché du travail garde toute sa vitalité : le chômage est au plus bas et il existe même une pénurie de main d’œuvre dans de nombreux secteurs. De plus, la “startup nation” bénéficie encore d’importants investissements en R&D et d’une forte capacité d’innovation.
Face à des données de base saines, l’économie israélienne affronte de sérieux défis ; en voici les quatre principaux.
PRIX DES LOGEMENTS
Le prix des logements baissera-t-il ? Rien de sûr : malgré les différentes promesses du gouvernement, le prix moyen d’un logement a encore augmenté au cours des derniers mois. Certes, le rythme des ventes se ralentit, mais cette tendance ne se traduit pas encore par une baisse des prix. D’un côté, le stock de logements neufs invendus augmente ; de l’autre, la durée moyenne de construction est encore trop longue. La baisse des prix des logements est bien la priorité absolue du gouvernement israélien. Les mesures pour inonder le marché de logements se succèdent à un rythme accéléré : surtaxe sur les multipropriétaires, incitation à la construction rapide, prix subventionnés, allègement de la bureaucratie, davantage de terrains à construire disponibles, main d’œuvre palestinienne et étrangère plus nombreuses, etc.
En revanche, nul ne saurait garantir que les différentes mesures prises soient efficaces pour abaisser les prix en 2017. Et pour cause : de gros intérêts financiers sont en jeu. En fait, de nombreux acteurs du marché immobilier profitent des prix élevés : l’Etat (qui perçoit des impôts), les investisseurs (qui spéculent), les banques (qui prêtent), les promoteurs (qui réalisent des plus-values), etc.
COÛT DE LA VIE
Le niveau de revenu par tête en Israël reste inférieur à la moyenne des pays développés de l’OCDE. Or pour les prix, la tendance inverse : en Israël, la moyenne des prix est, pour de nombreux produits quotidiens (comme l’alimentation) est plus élevé qu’ailleurs. Résultat : la cherté de la vie pèse sur le budget des familles israéliennes et le niveau de vie stagne. La baisse du coût de la vie est donc un des principaux objectifs de la politique économique du gouvernement israélien pour 2017. Au menu : la lutte contre les monopoles, l’ouverture des frontières aux produits étrangers (comme l’électroménager), le renforcement de la concurrence dans certains secteurs très concentrés (comme les cosmétiques), etc. Sans compter de très nombreuses réformes, dans des domaines variés, qui visent à faire abaisser les prix : télécoms, transports, gaz, finance, logement, bureaucratie, etc.
PAUVRETÉ ET ÉCARTS SOCIAUX
À la faiblesse relative du niveau de vie, s’associe un fort taux de pauvreté et de larges inégalités de revenu. Le dernier rapport sur la pauvreté en Israël indique que la situation ne s’améliore guère : 1,7 million d’Israéliens vivent en dessous du seuil de la pauvreté, soit 22% de la population. Le gouvernement israélien a bien déclaré que la réduction des écarts sociaux est un de ses objectifs économiques principaux pour 2017. Des mesures ont déjà été prises en ce sens, comme le relèvement du salaire minimum, la revalorisation des allocations de vieillesse et d’invalidité, le droit à l’allocation chômage pour les indépendants, etc.
COMPÉTENCES ET RÉSULTATS SCOLAIRES
Tous les classements internationaux en matière de résultats scolaires (comme PISA) placent Israël en queue de peloton des pays industrialisés (notamment en mathématiques et sciences). Les écarts en matière de compétences professionnelles se creusent entre Israël et les pays de l’OCDE, ce qui se traduit par une productivité du travail plus faible.
Au-delà du problème général de l’enseignement scolaire en Israël, un des leviers qui permettrait de relever la productivité en Israël semble se trouver parmi deux groupes de population : les arabes et les juifs orthodoxes. Une amélioration de leurs compétences et de leurs formations professionnelles contribuerait à mieux utiliser le capital humain et à réduire les écarts sociaux. De nombreux progrès ont été réalisés au cours des dernières années, mais il reste encore de nombreux obstacles à surmonter.
Jacques Bendelac
 
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