Le temps ne guérit pas vraiment les blessures morales. Les moins fortunés savent mieux utiliser les mécanismes psychologiques qui agissent sur la perception du bonheur dans la vieillesse… Telles sont quelques unes des conclusions d’une nouvelle étude de l’Institut Herczeg sur le vieillissement de l’Université de Tel-Aviv, présentée lors d’un récent colloque, qui va à l’encontre des idées reçues, et riche en applications potentielles pour l’amélioration du bien-être mental des personnes âgées.

Le bien-être psychologique des personnes vieillissantes, définies en l’occurrence comme celles de plus de 50 ans, est plus complexe qu’on ne le pensait, d’après une étude de  l’Institut Herczeg de l’Université de Tel-Aviv sur le thème «Le vieillissement dans un monde hostile: résilience ou vulnérabilité?». Selon les chercheurs, ces deux caractéristiques psychologiques, généralement considérées comme antinomiques, sont en fait entrelacées chez les personnes âgées lorsqu’elles sont confrontées à des difficultés particulières.
Table ronde sur la vieillesse
L’hypothèse de base des chercheurs était que les mécanismes psychologiques qui agissent sur la perspective individuelle du bonheur, comme le sentiment de bien-être ou l’impression que sa vie à un sens, régulent notre perception des situations potentiellement négatives (dits « scénarios de monde hostile »). En d’autres termes, la plupart des gens peuvent « négocier » entre leurs capacités au bonheur et les scénarios hostiles, de sorte que le bon surpasse le mauvais dans leur vie.
Cependant, l’étude a montré que ces mécanismes dynamiques existent de manière plus complexe chez les personnes âgées.
Une des conclusions notables est que, contrairement à l’adage populaire, le temps ne guérit pas tout. Les Dr. Kfir Ifrah et Rinat Lifshitz ont expliqué qu’il faut distinguer  chez les personnes âgées entre la capacité de fonctionner au quotidien et le sentiment de bonheur. Par exemple, les parents qui ont perdu un enfant font état à mesure que le temps passe, d’une part d’un meilleur fonctionnement quotidien qui se manifeste par une baisse des sentiments d’anxiété et de dépression, mais aussi d’une diminution de la satisfaction de la vie. Cette conclusion est particulièrement pertinente en Israël, où 30% des personnes âgées sont des parents endeuillés.
En outre, selon Noam Markovitz, co-chercheur de l’étude il s’avère que les personnes pauvres sont plus à même que les autres d’utiliser efficacement les mécanismes de propension au bonheur pour surmonter les perceptions d’un monde hostile dans la vieillesse.
Les chercheurs ont étudié quatre groupes de personnes âgées en Israël: les parents endeuillés, les pauvres, les handicapés et les homosexuels, groupes qui exemplifient les grands défis humains, dans le but d’explorer les implications de ces défis sur le processus de vieillissement, au moyen d’approches psychosociales et d’outils relevant du domaine des études sur la santé.
Aider les personnes âgées à vieillir avec dignité
« La recherche sur le vieillissement est particulièrement importante car la population âgée et en constante augmentation dans le monde, cette croissance ayant des conséquences psychologiques, sociales et économiques cruciales pour toutes les sociétés », a expliqué le Prof. Dov Shmotkin,  directeur de l’Institut Herczeg, lors du colloque. « En Israël, elle est de plus affectée par une accumulation d’expériences de vie négatives telles que l’Holocauste, l’immigration, les guerres et les pertes multiples. « Le but de cette étude était de donner une voix aux groupes cibles et de développer une prise de conscience de leur situation et de leurs besoins. Comprendre les personnes âgées est essentiel pour les aider à vieillir avec succès et dignité », a-t-il souligné.
Dans le cadre de la recherche, le Dr. Irit Bluvstein s’est en outre attardé sur la question des personnes âgées traumatisées.
« Cette recherche est très précieuse », a déclaré l’un des participants à la conférence, travailleur social gérant un centre de jour pour personnes âgées. « Il est essentiel de traduire ses résultats dans la pratique ». Selon les experts, les conclusions de l’étude pourraient être utilisées pour la formation des populations âgées vulnérables à l’utilisation de stratégies compensatoires pour contourner les défis du vieillissement, et pour encourager une réflexion plus approfondie sur la résilience en milieu adverse.
L’Institut Herczeg est un centre de recherche interdisciplinaire sur le vieillissement commun à la Faculté de médecine et à la Faculté des sciences sociales de l’Université de Tel-Aviv, qui vise à faire avancer les connaissances sur la vieillesse et le processus de vieillissement et à fournir aux personnes âgées de meilleurs moyens d’adaptation pour améliorer leurs conditions physiques, mentales et sociales.
Source : les amis français de l’université de Tel aviv
Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD
Rédactrice en chef du site des Amis français et des Amis francophones 

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