Daniel Barenboim (né le à Buenos Aires) est un pianiste et chef d’orchestre de nationalités argentine et israélienne. En 2002, il reçoit la nationalité espagnole et, depuis janvier 2008, il est également porteur d’un passeport palestinien.
Un Article de Carmela Serfaty, (CCFI) et Doron Dinai, MD, Avocat. Daniel Barenboim propose un concert Mozart-Bruckner (Décembre  2017) à la philharmonie de Paris avec la StaatsKapelle de Berlin.
Ce qui relie l’œuvre de Daniel Barenboim
Nous nous interrogeons sur ce qui relie Mozart à Bruckner, il faudrait de même, oser poser la question de ce qui relie ces cycles à son action globale, qui, au premier abord, pourrait sembler sans lien.
La Quête de la paix : Le Divan Est-Ouest et l’Académie de Musique de Berlin
Il est connu  en Israël et dans le monde pour la création du “Divan Est-Ouest”, l’orchestre israélo-palestinien, ainsi que pour l’inauguration en 2015 de l’Académie de Musique et Sciences Humaines à Berlin. Tous les deux fondés avec l’intellectuel Palestinien Edward Said, afin de réunir des musiciens israéliens et palestiniens pour jouer ensemble et nous convaincre de leur engagement pour la paix au Proche-Orient.
Mozart-Bruckner : Rationalisme, universalisme et spiritualisme
L’image d’un Mozart, musicien de génie irréfléchi et sans approche raisonnée, aussi bien que celle d’un Bruckner à la foi robuste et irraisonné, ont été réfutées.  Certains associent Mozart à Kant ou, comme le critique culturel Walter Benjamin*1, font un rapprochement de ses idées et de celles de Goethe dans “La Métaphysique des Moeurs”. Ces thèses s’appuient sur la synthèse des idées de Mozart dans la Flûte Enchantée et autres opéras, portant sur le couple, sa constance, et son aspiration à l’acquisition des valeurs éternelles, dans une perspective spirituelle tendant au bonheur, par la raison et une vision universelle du monde.
Quant à Bruckner sa foi est certaine, mais la composition de ses oeuvres démontre une architecture logique presque scientifique et moderne tout en restant dans des profondes divergences, des brisures morbides, à la recherche d’une intensité expressive laissant toujours une lumière d’espoir en conférant à ses oeuvres un sens religieux et dramatique.
L’éternité mozartienne face à l’illumination de la puissance et la gloire divine chez Bruckner
« Une pensée musicale, mais aussi intensément spirituelle, s’exerce dans l’oeuvre Mozartienne et dans celle de Bruckner…qui les délivre de toute présomption d’innocence…Leurs récits de bonheur et de mort tendent, chez l’un trop humain, à un attribut primordial de la divinité : l’éternité, quand, chez l’autre viennent  s’incarner, du Dieu, la puissance et la gloire. »*2
La spiritualité mozartienne libère l’homme en le responsabilisant dans son souhait d’atteindre l’éternité par la raison. La spiritualité brucknérienne place l’homme dans une aspiration à l’illumination par la puissance et la gloire divine. »*2
La juxtaposition de deux n’empêche pas l’interprète de trouver ce qui les rapproche au delà des époques et d’univers en les poussant vers une élévation surtout pendant les moments lents particulièrement saisissants.
Ce qui relie ‘l’œuvre’ de Daniel Barenboïm –l’union et la paix universelles portées par la culture profonde
Et certains de dire : “Ce qui relie Mozart à Bruckner c’est le talent et la force d’interprétation de Daniel Barenboïm” lorsqu’il dirige la Staatskapelle de Berlin sur laquelle il peut compter sans hésitation, sa baguette en main.
En réalité, que ce soit le fait de porter Mozart et Bruckner ou d’autres compositeurs aux sommets ou d’employer la musique comme vecteur de paix; tout ressort de son credo initial :
La culture profonde et la compréhension qu’il exige de l’orchestre pour jouer à l’unisson dans une parfaite entente, apportent la clarté et la transparence, qui insufflent une puissance exceptionnelle, laquelle porte la musique au-delà des frontières pour faire renaître la culture évanouie, qu’elle soit européenne, proche-orientale ou universelle. En effet, pendant les longues années qui ont suivies la deuxième guerre mondiale, nous nous sommes servis du politique et de l’économique comme piliers rigides,  pour reconstruire le monde, qui s’est écroulé devant nos yeux, nous laissant sans morale et sans foi, nous clouant souvent dans des territoires aux frontières artificielles, qui ne nous permettent de vivre en paix.  La culture revient en frappant pour nous rappeler que sans elle on ne peut créer d’union, ni s’approcher d’une vision de paix universelle.
Sous sa baguette, Barenboim, homme éclairé et libre, entraîne vers la lumière de la paix ses disciples et son public pacifiques dans le sillon de son génie, de sa volonté, contre tous les interdits,  lorsque les cordes répondent aux bois, et que s’opère le miracle dans cette magnifique salle de la Philharmonie.
Nous vibrons, écoutons et entendons Mozart et Bruckner nous rappelant de  l’abîme par une alchimie sonore pour nous élever vers une spiritualité divine. Tout n’est pas perdu, l’espoir d’union en Europe, de paix au Proche-Orient et d’harmonie dans l’univers prégnant, reste permis.
 
*1 Walter Benjamin Philosophe et critique culturel juif 1892-1940
*2 Laurent Fenegron Programme Mozart Bruckner Philharmonie de Paris

Partager :